Ce n’est pas moi qui suis malade insistait Artaud, mais la société.

Entretien avec Plínio Walder Prado. Il enseigne au département de philosophie de l’université de Paris 8.

Nous l’avons rencontré au Mucem, lors des journées consacrées à Boris Cyrulnik. Une initiative de l’association Planète Emergences.
C’est à la suite de la table ronde « Un monde à écrire pour le construire » dans laquelle il est intervenu, que s’ouvre le dialogue qui va suivre.
Alors que le mot de résilience ne cessait de circuler tout au long de ces journées, Plinio Walder Prado est venu rompre une forme de consensus quant à la force clinique et politique de ce mot.
« Dans la souffrance il y a quelque chose qui me fait souffrir qui n’est pas moi, mais le monde, et dont je n’ai pas à guérir« . Voilà en substance la critique adressée par le philosophe à la notion de résilience. Notion qui transporte avec elle l’idée d’une harmonie, d’une paix enfin retrouvée entre soi et le monde. Critique ici du philosophe qui vise à réinjecter une conflictualité nécessaire avec ce qui m’entoure plutôt qu’une guérison qui en définitive ne serait peut-être rien d’autre qu’une adaptation aux lois du monde tel qu’il est. C’est-à-dire en dernier recours, aux lois du néolibéralisme qui exigent de nous, toujours davantage, de nous adapter à ses contraintes, à ses fluctuations, aux valeurs de la réussite.

 

Par Emmanuel Moreira